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lundi 29 août 2011

Editorial du Financial Times: le debt-equity-swap mettrait les créanciers à leur place, derrière le contribuable et les déposants

Ce billet fait suite aux craintes manisfestées par les marchés concernant la solvabilité des banques européennes, notamment françaises. Ces craintes ont été minimisées par le discours officiel, le modèle est le bon, avant que Mme Largarde ne le démente, lors de la réunion annuelle des banquiers centraux. Mais le développement le plus intéressant est l'éditorial du Financial Times, qui demande que soit mis fin à la spoliation du contribuable de la zone euro au travers des aides et plans de sauvetage. Il rappelle qu'il suffirait pour cela d'appliquer une méthode éprouvée dans les crises antérieures, renforcer les fonds propres par un debt-equity-swap.

Le 28 Août, Lagarde demande une action urgente, renflouer les banques, titre le FT, dont voici un extrait (traduit de l'anglais)
Les banques européennes doivent être recapitalisées d'urgence pour arrêter la contagion de la crise des dettes souveraines au secteur financier [...] D'abord par une lévée de capital auprès des investisseurs privés, mais si nécessaire en piochant dans les fonds publics [...] Une option serait que ce soit l'European Financial Stability Facility [EFSF] qui finance cette opération, qui soulagerait la crise de financement du gouvernement grecque.
C'est le désaveu officiel des assurances de nos banquiers centraux que le système bancaire est solide. Dans ces conditions,  on imagine mal que le marché ait envie de pourvoir à l'augmentation de capital que réclame Lagarde (elle aurait du le faire bien avant, comme ministre des finances). Il s'ensuit que c'est l'«option» de mettre à contribution l'EFSF, c'est à dire le contribuale de la zone euro qui prévaudra. Le Financial Times, dans son éditorial, Lagarde's ugly truth on debt, a salué son courage de de dire la vérité, mais un préconise un remède différent:
Le Financial Times diffère de la position de Mme Lagarde sur un point. Le contribuable européen ne devrait plus  jouer les pompiers bénévoles envers le système financier. Il faut appliquer le droit des sociétés. Le sauvetage massif mis en place par l'Irlande était une mauvaise idée qu'il ne faut pas reproduire.  Cela signifie, dans la situation présente, que c'est aux créancier de combler les fonds propres qui font défaut en acceptant de modifier leurs créances (obligations) en actions.
On aurait aimé que certains politiques saisissent de cet éditorial pour contraster le débat, qui a jusqu'à présent, en France, été dominé par ce type de raisonnement, tiré du billet Actualité (21) du blog La Refondation du Capitalisme (1):
Deux idées circulent à propos de la dette grecque. La première tient qu’elle est trop importante pour être remboursable en l’état : sa restructuration est donc inévitable. La seconde consiste à affirmer que les créanciers privés doivent participer à cet effort et payer leur écot. N’ont-ils pas pris leur risque en toute connaissance de cause ?
La première idée est fondée : la Grèce ne peut pas se redresser sans un allègement du fardeau excessif qui l’accable. La seconde ne l’est pas : la morale apparente (2) est parfois mauvaise conseillère.
Mais ne nous sous-estimons pas la persistance dans l'erreur de nos décideurs. Ils pourraient aussi, si la prévention échoue, c'est à dire, si l'on en arrive à une sérieuse crise de liquidité/solvabilité des banques, encore (la première fois c'était en 2008-2009) passer à côté du bon plan B, éprouvé dans plusieurs crises financières. Il consiste à les laisser faire faillite, tout en maintenant les activités d'utilité publique, l'état s'en portant garant. En fait c'est déjà en partie le cas (les dépôts son garantis), mais sans la contrepartie équitable, c'est à dire en en prenant le contrôle. Aussi longtemps que nécessaire pour assainir le sytème financier. C'est ce que préconise un billet invité récent, Big Banks, Overexposed, Opaque, dans le blog de N. Roubini, le sage qui a vu venir [la crise de 2008] d'après le NYTimes. En voici un extrait, traduit de l'anglais:
Pour mettre fin à une crise [de solvabilité des banques] il faut suivre la marche adoptée dans celle dite de Savings & Loans. Un consortium de réalisation se charge de mettre les banques en faillites, et rembourse les créanciers à hauteur de la valeur résiduelle des actifs, sous forme d'actions [debt-equity-swap]. Au lieu de ça, dans la crise financière de 2008, le plan de sauvetage [TARP] a consisté à dépenser à fonds perdus, alors que les managers des banques, qui auraient du être poursuivis pour fraude, se sont attribué des bonus extravagants.
Mise à jour le 31 Août:
Parmi les solutions envisagées par la autorité bancaire européenne (ABE/EBA), une programme de garantie des obligations de banques. Une mesure controversée car nécessitant d'élargir les pouvoirs du fond de stabilité financière (EFSF)Europe bank regulator plan radical funding aid, Financial Times (traduit de l'anglais). 

(1) On se souviendra que l'auteur de ce blog, lorsqu'il était à la tête du Crédit Lyonnais dans la 2ème moitié des années 90, avait usé de chantage envers Bercy, pour que l'état renfloue la banque, et que les actifs pourris soient transférées à un organisme public, le CDR. Chacun pourra vérifier les termes exacts de cette négociation, en remontant le fil des articles qui y sont consacrés, en commençant par celui-ci, dans Libération. 

(2) Défenseur zélé des créanciers, il affirmait dans un billet, Actualité (12): Qui sont les marchés? C'est vous, moi, l'ensemble des citoyens et des institutions qui ont accepté directement ou indirectement de prêter de l'argent aux États. Les marchés, ce sont les prêteurs. Quand on en a besoin, on les flatte. Et quand ils ne prêtent plus, ils sont accusés de tous les maux.

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