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mercredi 19 octobre 2011

Debt-equity-swap : qu'est-ce que c'est, au juste?

Nous avons parlé du debt-equity-swap, dans ce blog, la réponse d'intérêt général, prônée dans éditorial du Financial Times, aux menaces que la dégradation des dettes souveraines font peser sur la fragilité des banques. Nous tâchons ici d'expliquer pas à pas cette opération et ses avantages.

Admettons que l'état contraigne la BNP à procéder à un debt-equity-swap (DES) pour 50% de sa dette. Ça implique que 50% de sa dette disparaît du passif de son bilan, et est remplacée, en valeur, par autant de fonds propres. Cela signifie que un investisseur qui détient 1000 titres obligataires BNP doit en céder 500 à la BNP, qui lui donne en échange des actions BNP (émises pour l'occasion) pour la même valeur. Imaginons que les 1000 titres obligataires valaient 100 millions d'euros, avant le DES. Juste après le DES, l'investisseur détient moitié moins d'obligations BNP mais en contrepartie il possède des actions, pour une valeur de 50 millions d'euros (1).

La banque est recapitalisée immédiatement, pas sur la période de 8 ans (quelle gabégie!) que nécessiterait la vente progressive des actifs pour arriver au même résultat ou moins bien (2), et sans que l'état (le contribuable) verse un centime (pour une fois!). En cas de défaut massif de la Grèce, BNP devra radier de son bilan la perte correspondante. Les fonds propres seront donc amputés d'autant mais, avec le DES qui précède, il y en aura suffisamment pour encaisser la perte, c'est à dire sans mettre l'établissement en faillite.

Evidemment, ceux qui ne seraient pas contents, ce sont les créanciers. Mais si on admet que l'alternative c'est que, en cas de défaut de la Grèce, ils devront accepter un rabais sur leurs créances, le DES n'est pas une si mauvaise affaire. Les créanciers (fonds de pensions etc.) ont des endettements faibles, en général. La mesure du DES aurait donc pour conséquence une meilleure répartition du risque dans le système. Ceci, déssèrerait une bonne partie du stress qui étreint le système financier. Cette mesure est donc d'intérêt général.

Ça n'est pas une lubie, même s'il y a, bien sûr, des contraintes juridiques. Cette solution a fait ses preuves et est prônée dans un éditorial du Financial Times (cf notre premier billet au sujet du DES). Si on en parle si peu,  c'est en raison du rapport de forces existant entre les différentes parties...

Conclusion
Au niveau agrégé, avec le mesure préconisée, le risque serait moins concentré dans les banques, et mieux réparti dans le système: la chance de rupture du système (perturbation des marchés, faillites, contentieux, bailouts à la chaîne etc.) serait réduite. La concentration du risque créée son propre risque, elle n’est pas neutre. C'est donc une mesure d'intérêt général, d'autant que comme le rappelle le Financial Times, elle mettrait les créanciers à leur place, c'est à dire derrière le contribuable, et les déponsants des banques. Dans notre exemple, deux obligations très risquées avant le DES seraient remplacées par une obligation moins risquée et une action, certes risquée, mais qui vaut (à peu près) autant que ce que valait la deuxième obligation. C'est le seul désagrement qu'aurait à subir une gestionnaire institutionnel obligataire.

(1) Selon que l'annonce du DES est bien ou mal reçue par le marché, cette valeur de 50 millions ne peut être garantie, mais pour les besoins de ce billet, ça suffit. (2) Dans le billet Il n'y a pas de crise bancaire systémique en Europe, à moins que..., du blog Démystifier la finance, on pouvait lire : «La recapitalisation ne signifie pas nécessairement une injection  de fonds propres par les Etats. Sur une période de huit ans, les banques européennes ont tout le temps de se restructurer, vendre des actifs non-stratégiques, et diminuer la taille de leurs bilans». Interrogé sur l'opportunité d'un DES, l'auteur a répondu «Ça reporte le problème sur les créanciers». C'est exactement l'effet recherché!

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