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Blog interrompu

dimanche 23 octobre 2011

Georges Ugeux, J-F Copé et les banques

Dans cette série de billets nous avons relevé les incohérences de blog Démystifier la finance concernant la recapitalisation des banques. Elle n'est ni dramatique, ni facultative, disait-il (cf, ici), mais le mois suivant, alors qu'il souligne que la crise bancaire systémique guette, il donne aux banques 8 ans pour se recapitaliser, cf ici. Un pas en avant, deux en arrière? Il y a plus pernicieux...

Cet auteur est généreux en belles déclarations, cf ici, mais à le suivre, pour reprendre l'analogie du nautisme, il faudrait contourner des balises qui rendent la navigation périlleuse. Ainsi, l'auteur a sournoisement cherché à éclipser le débat sur le debt-equity-swap (1), la mesure d'intérêt général pour équilibrer rapidement la structure du capital des banques, préconisée dans un éditorial du Financial Times. Le contribuable de doit pas financer les banques à fonds perdus, mais curieusement, il préconise à cette fin (si elle est inéluctable) de prêter (il parle d'obligations convertibles), plutôt que prendre des participations, cf ici.  Plus c'est gros, et mieux ça passe?

En résumé, son état d'esprit, c'est le suivant
La perfusion des banques par l'état (le contribuable): oui, s'il le faut
Faire entrer l'état dans leur capital et dans leur conseil d'administration: jamais!
Georges Ugeux a de la compagnie : on se rappelle, concernant le deuxième principe, que Copé avait comparé la proposition deMontebourg de mettre les banques sous tutelle à "ce qu'ont fait les bolcheviks en 1917", cf ici. Or, la lourde erreur du TARP et du plan de sauvetage analogue, en Europe, en 2009, a consité à donner aux banques, mais sans contrepartie, cf ici. Étant solidaire du gouvernement, M. Copé devrait se montrer humble. Citons ce billet d'un éminent professeur de finance genevois, où il est question de l'incompétence des administrations qui, en désespoir de cause, s'en remettent aux conseils de banquiers (cf ici?), avec pour conséquence que le contribuable est mal défendu. Ceci explique peut-être les promesses non tenues du discours de Toulon en 2008, cf ici. La BRI, pourtant, prévoyait en 2009 que les dettes souveraines (dont on sait qu’elles sont, pour des raisons techniques, dans les bilans de banques) deviendraient les «nouveaux subprimes» (cf notre billet Fitch trouve la solution au paradoxe de C.Noyer). C'est cette même organisation internationale qui avait annoncé, sans se faire entendre, les sub-primes en 2003, avec un rappel en 2006. L'histoire se répète...

Quant à Georges Ugeux, ses ronds de jambes ci-dessus ont-il pour objet de faire accepter son discours sur la nécessité de réformer le modèle de la banque universelle, comme le font les Etats-Unis (dont il est solidaire) et l'Angleterre? Sa méthode le regarde, mais elle ne modifie pas notre constat. Ou bien il n'a pas les idées claires, et dans ce cas Démystifier la finance est un titre pompeux, ou alors il est tiraillé par des impératifs dont il a secret, et dans ce cas le titre de son blog est trompeur.  Rappellons, en effet, que la société qu'il dirige fait partie de l'Institution of International Finance, au côté des doux noms de la finance que sont AIG et Goldman Sachs. A trop chercher à souffler alternativement le chaud et le froid sur l'opinion de ses lecteurs, d'un billet à l'autre, son hype-volontarisme n'est pas sans rappeler celui de son némésis...

(1) Le dialogue de sourds sur le DES:
Je sais que vous avez dit qu’il fallait que les banques renforcent leurs fonds propres. [...] Conclusion : tout cela prendra du temps avant de modifier la structure du capital. Dans ces conditions, êtes vous favorable, comme le demande le Financial Times, que soit mandaté un échange de créances contre des prises de participations dans le secteur bancaire? [...]

Rédigé par : ºC | le 06 septembre 2011 à 09:33

Debt-equity-swap : qu’est-ce au juste?, dans un nouveau billet (ºC), en référence au billet Il n’y a pas de crise bancaire systémique en Europe, à moins que… du blog Démystifier la finance.

Rédigé par : ºC | le 19 octobre 2011 à 08:02

je ne crois pas qu’il soit envisage de’echanger des obligations contre des actions. Cette operation a ete tentee en Amerique Latine avec peu de succes. On a resolu le probleme avec les « Brady bonds » qui ressemblent au mecanisme europeen envisage pour la Grece.

Rédigé par : Georges Ugeux | le 20 octobre 2011 à 00:18

Le Financial Times est en désaccord avec Mme Lagarde sur ce point : le contribuable ne doit pas être le pompier bénévole du système financier, c’est à dire sauver les banques parce que les investisseurs privés rechignent à le faire. Ce transfert de risque des créanciers (vers le contribuable) était déjà une mauvaise idée en Irelande et le serait donc à fortiori pour la zone euro. Il serait préférable de recapitaliser les banques en procédant à un échange d’obligations contre des actions (*) qui remettrait les créanciers à leur place : derrière le contribuable, et derrière les déposants. Lagarde dit la vérité qui dérange sur la dette (Lagard spells ugly truth on debt), Editorial du Financial Times, Août 2011.
Cette méthode a l’avantage a) De ne pas faire intervenir l’état b) D’atteindre l’objectif de fonds propres immédiatement, alors que «Les banques européennes (et françaises) doivent diminuer leur taille de 25% en moyenne» nécessite du temps (Georges Ugeux faisait allusion à 8 ans dans un précédent billet!). Si on en parle pas, c’est que les créanciers ne veulent pas en entendre parler, et les autorités roulent pour eux. Citons par exemple, pour changer de C.Noyer, le sous-gouverneur de la Banque de France, J-F Landau: Le sous-gouverneur de la Banque de France remarque que les emprunteurs et les créanciers sont les mêmes personnes à travers les livrets d’épargne, les contrats d’assurance-vie et les fonds de retraite qui prêtent aux Etats, c’est-à-dire à eux-mêmes. Ou Jean Peyrelevade: Qui sont les marchés ? C’est vous, moi, l’ensemble des citoyens et des institutions… Lire, dans ºC, Debt-Equity-Swap, qu’est-ce que c’est, au juste?
Rédigé par : ºC | le 22 octobre 2011 à 15:16 
(*) En anglais : Debt-Equity-Swap (DES) 
Rédigé par : ºC | le 22 octobre 2011 à 15:18 
Les banques ne sont pas supposees etre actionnaires d’entreprises. Eles sont de plus de mauvais gestionnaires d’entreprises. L’experience latin-americaine a beaucoup influence la reponse europeenne. Les debt for swaps n’ont pas reussi et ont ete remplaces par les Brady Bonds, qui ressemblen a s’y meprendre au swap propose aux banques europeennes.
Rédigé par : Georges Ugeux | le 23 octobre 2011 à 12:57

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